Stéphanie Maudhuy

J’ai fait des études de commerce, avec une spécialité commerce international. Après mon stage de fin d’études dans les achats d’une startup parisienne, j’ai travaillé pendant six ans dans une entreprise de décoration où j’étais cheffe de produit textile. Le point commun de ces deux expériences est que j’achetais systématiquement dans des pays asiatiques dans un objectif de forte rentabilité. Le modèle économique de ces entreprises est similaire : en achetant dans des pays au coût de la main d’œuvre très bas, elles revendent ensuite en France, et elles bénéficient de marges confortables pour bénéficier d’une forte croissance de développement rapide. Une fois que l’entreprise pense à produire mieux en relocalisant la production, le modèle devient difficilement tenable pour tenir les marges habituelles.

À la naissance de mes enfants, j’ai démissionné et je me suis installée en tant que consultante achats. Mais au fond de moi j’ai toujours eu envie de lancer mon propre projet, et produire en France était une évidence. Mon raisonnement a été de développer un objet pour lequel nous possédions un savoir-faire.

Et puis un jour, j’ai cherché des lunettes de soleil jolies et bien produites pour mes enfants. J’ai remarqué qu’il y avait un réel fossé dans ce secteur, où l’on trouve des lunettes fabriquées avec des matériaux de qualité mais à des prix très élevés, ou bien des lunettes « accessoires » à bas coût fabriquées à l’autre bout de la terre. En vain, j’ai donc décidé de les créer.

La matière naturelle et biosourcée utilisée pour produire la monture des YEYE est l’huile de ricin.

Le ricin lui est cultivé en Inde, car il ne pousse pas en France. Sa culture est gérée par trois ONG locales, qui permet d’apporter du travail dans les campagnes au nord de l’Inde en évitant aux populations de devoir partir travailler dans les villes pour gagner leur vie, et en utilisant les terres agricoles inexploitées. L’eau de la mousson suffit à faire pousser le ricin, et elle n’a pas besoin d’OGM pour pousser.

Les verres sont aussi fabriqués dans le Jura. Ils sont en polycarbonate, qui est un matériau très résistant aux impacts. Ils sont de catégorie 3 et protègent les UV à 100%, meilleur combo pour une protection optimale !

Rendre accessible des lunettes de soleil de qualité et produites en France. Nous sommes trop habitués à consommer des produits non adaptés, non qualitatifs, et il faut renverser la vapeur. Chez YEYE, nous voulons être transparents avec nos clients, et notre plus belle réussite est de savoir que nos produits durent, et non pas qu’il faille en racheter tous les mois.

Aussi, nous avons à cœur de promouvoir le non genré et la mixité dans nos produits. Nous sommes en 2022, et faire grandir nos enfants avec l’idée qu’une couleur est attribuée à un genre est si désuet.

Dans la transmission des valeurs données à mes enfants, le savoir vivre en collectivité, ne pas jeter ses déchets dans la rue. Avec mon garçon de bientôt 4 ans, on a d’ailleurs décidé au printemps de nettoyer notre rue. Sinon je trie mes déchets, j’ai un composteur, j’utilise un seau pour récupérer l’eau de la douche le temps qu’elle chauffe, j’achète 90% de mes produits en vrac et je privilégie le verre au plastique.

Le nombre de déchets dans les rues me rend dingue, les fumeurs qui jettent leurs mégots par terre, les grandes marques de surconsommation et dernier désastre en date : les masques ! Comment répondre à ses enfants lorsqu’on leur apprend qu’il faut faire attention à la planète sur laquelle on vit et voir au quotidien des actions si aberrantes ?