Maxime Giroud

Lorsque Maxime Giroud, ancien marketeur dans un grand groupe rentre de 2 ans de volontariat en Haïti, il décide d'entreprendre pour contribuer à rendre plus vertueuse l’industrie des produits d’entretien. Il crée ainsi Merlin, et se fixe pour objectif de proposer un produit sain, composé d'ingrédients locaux, avec un packaging réduit à son maximum afin de minimiser les déchets. Il nous raconte.

16/02/22

Maxime quel est votre parcours et comment l’aventure Merlin est-elle née ?

J’ai travaillé 12 ans dans un grand groupe d’agro-alimentaire en tant que marketeur. J’ai toujours aimé étudier les marchés, les tendances afin de tendre vers un produit qui a du sens. Parallèlement, avec mon épouse nous aspirons à faire une pause dans notre vie professionnelle afin de donner de notre temps à un projet humanitaire. Nous sommes ainsi partis en 2018 en Haïti faire du volontariat avec l’ONG FIDESCO. Nous sommes rentrés en 2020, après avoir vécu une expérience enrichissante et très forte qui a provoqué en nous une grande prise de conscience, notamment environnementale. En Haïti, il n’y a pas de camion qui enlève les poubelles et les fait disparaître comme par magie. En vivant là-bas, nous sommes sortis du circuit traditionnel de consommation dans lequel nous étions en France, ce qui nous a donné envie de consommer différemment, de manière beaucoup plus responsable. Merlin est né en 2021 à partir du constat suivant : l’industrie des produits d’entretien est une aberration totale. Les nettoyants multi-usages sont composés à 98 % d’eau, on transporte donc de l’eau dans toute la France alors qu’elle est disponible chez soi. Nous jetons ensuite les contenants qui sont recyclés une fois sur deux, ou incinérés.

Parallèlement, les produits à base d’ingrédients bruts proposés en alternative ne sont pas forcément très efficaces.

Quel cahier des charges avez-vous établi pour les produits Merlin ?

Il a été pensé pour que les produits soient élaborés avec le moins d’ingrédients possibles, avec une formule qui soit la plus proche de ce qu’on pourrait faire à la maison, mais en ajoutant l’efficacité qui manque tant aux produits ménagers “home made”. J’ai voulu mettre l’accent sur une approche minimaliste. 80% des ingrédients de notre nettoyant multi-usages sont issus du circuit court, par exemple notre tensioactif est fabriqué en Champagne. Nous sommes fiers, car nous avons pu prouver grâce à Greenly (une appli qui calcule votre empreinte carbone via les relevés bancaires NDLR) qu’en un an, en passant à la formule Merlin au lieu des produits traditionnels, on pouvait diviser par 19 ses émissions de carbone liés à l’utilisation de produits ménagers. Nous essayons de tendre vers une formulation avec des produits locaux, mais certains ingrédients sont malheureusement impossibles à trouver en France donc nous les importons de pays européens. Nous menons un travail de réflexion afin de ne pas rajouter un ingrédient inutile. Nous avons le souhait de proposer de nouveaux produits qui répondent vraiment aux besoins des Français.

Constatez-vous une demande pour des produits plus naturels et sains ?

Le confinement a énormément changé le rapport au “fait maison”, au vrac, et au fait de consommer moins et plus proche de chez soi. Tout cela fait maintenant sens pour de nombreux français qui ont enclenché un vrai changement dans leur manière de consommer.

Vous êtes marketeur de formation, comment peut-on faire une communication et un marketing responsable aujourd'hui ?

J’ai personnellement pris l’angle de la transparence et de l’humilité. J’ai fait des choix en accord avec mes valeurs et je pourrai répondre des choix que j’ai faits.

« La réutilisation fait beaucoup plus sens que le recyclage. »

Comment s’est passé votre retour en France après avoir vécu votre expérience du volontariat si forte en Haïti ?

Cette expérience m’a donné matière à réflexion, m’a beaucoup ému et à ce jour je ne serais pas entrepreneur si je n’avais pas vécu cela. Nous avons appris à relativiser, là-bas nous avons vécu la rareté de l’eau, cela nous a fait prendre conscience de l’importance de réduire notre consommation d’eau et d’électricité. Avant de partir nous avons dû nous délester d’une bonne partie de nos affaires pour ne pas avoir à les stocker pendant 2 ans. Malgré ça, lorsque nous sommes revenus nous avons redécouvert tout ce que nous possédions, ça nous semblait encore beaucoup et notre rapport à l’objet a profondément changé. Pour que l’approche écologique soit positive il faut qu’elle soit choisie et non subie. Nous ne pouvons pas tout changer en même temps, il faut prioriser et faire selon ses moyens.

Quelles sont les actions écoresponsables que vous intégrez dans votre quotidien ?

Je fais très attention à la quantité d’eau que je consomme au quotidien, j’essaye de ne pas gaspiller, évidemment je trie mes déchets, j’ai un composteur et en famille nous essayons de garder un mode de vie minimaliste.

L’idée reçue à laquelle vous aimeriez faire la peau ?

Le plastique a pour moi toute sa place lorsqu’on arrête de considérer qu’il est jetable. Pour Merlin j’ai fait le choix de flacons réutilisables en plastique recyclé, car il nécessite moins d’énergie à produire par rapport au verre, il est moins lourd à transporter (et incassable), donc l’émission de carbone est moindre.

« Nous ne pouvons pas tout changer en même temps, il faut prioriser et faire selon ses moyens. »

L’action anti-écolo qui vous agace ?

Le greenwashing de certaines marques qui volent la crédibilité d’autres, expertes dans leur domaine. Avoir la certification bio alors que le produit n’est composé que de 10% d’ingrédients bio est selon moi une absurdité.