Joris Bruneel

Babel est un nouvel hôtel en plein cœur du pétillant quartier de Belleville à Paris. En créant le premier hôtel certifié entreprise à mission, Joris Bruneel et Clarie Feral Akram font le pari de concilier un lieu de vie sublimement décoré, à la fois chic et bohème, où se mêlent la bonne cuisine et le vivre ensemble. Ici tout respire la solidarité, la diversité et l’art de vivre. Nous rencontrons Joris autour d’un café. Il nous raconte ce projet avec passion et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.

08/03/22

Joris quel est votre parcours et comment Babel est né ?

J’ai fait des études de commerce et débuté ma carrière dans un grand groupe hôtelier en développant la partie immobilière. Mais j’avais besoin de redonner du sens à ce que je faisais. J’ai grandi dans le sud de la France au sein d’une famille d’hôteliers. Nous avions un établissement très familial où mes parents géraient tout eux-mêmes, de l’accueil au housekeeping en passant par la restauration. Ce n’était pas ce que j’avais envisagé au départ, mais j’ai finalement moi même décidé de monter un groupe d’hôtels franchisés Accor.
Babel est né plus tard car nous avons ouvert en septembre 2021. Je vis à Belleville depuis longtemps, je suis très attaché à ce quartier, c’est pourquoi j’avais vraiment le souhait d’ouvrir un hôtel en son cœur, là où toutes les cultures et les religions se mélangent. Je voulais un endroit qui soit à la fois un hôtel, un restaurant et un bar : un lieu de vie ancré dans sa localité où il fait bon de se retrouver. Le nom est venu de manière assez évidente en faisant référence à la tour de Babel et à cette mixité et cette diversité caractéristiques du vivre ensemble.

Babel possède une identité forte, expliquez-nous ?

Après les travaux nous sommes passés de 64 à 31 chambres. Le concept est d’avoir une décoration et un menu inspirés de la diversité du monde et du voyage, chacun doit pouvoir s’approprier les lieux. Beaucoup de meubles sont chinés ou dessinés et faits sur-mesure. Dans les chambres nous avons fait le choix de ne pas mettre de téléviseurs afin que les personnes puissent se ressourcer, se reconnecter et passer un moment convivial. Nous avons créé une playlist musicale et une fragrance aux notes de citron, piment, cardamome et cèdre pour nos gels douche et savons pour les mains composés à 98% d’origine naturelle. Toutes les photos dans les chambres sont celles de nos familles et amis que nous avons mises au teintes de Babel. Nous avons une enceinte bluetooth assemblée à Paris, le revêtement des murs est en fleurs séchées.

Nous travaillons avec des commerces de proximité, le café vient de la brûlerie de Jourdain à 300m de l’hôtel, le thé Kodama assemblé à Paris. Nos produits sont sourcés, nous privilégions le fait maison, notamment avec notre ginger beer, notre limonade ou notre chocolat chaud.

Vous êtes le premier hôtel à mission et vous mettez en avant une démarche éco-responsable. Quelles sont vos actions ?

Nous avons une politique écoresponsable très poussée en effet. Nous sommes labellisés Clef Verte sur la partie hébergement et Écotable sur la partie restauration pour promouvoir une alimentation durable, saine qui respecte les saisons. Nous utilisons seulement des bouteilles en verre et proposons une eau filtrée osmosée : l’eau Natarys. Les produits d’entretien sont écocert, nous n’avons pas d’emballage plastique. Nos déchets organiques sont compostés grâce à notre partenariat avec Les Alchimistes. Certains fournisseurs nous livrent à vélos ce qui est génial, car le transport est un enjeu à prendre en compte.

Babel possède également une dimension sociale singulière, dites-nous en plus ?

Nous sommes engagés socialement, notamment avec les réfugiés via notre partenariat avec Refugee Food Festival, qui aide des réfugiés politiques en les formants aux métiers de la cuisine. Notre partenariat a pour but de donner une expérience professionnelle à un chef en résidence tous les neuf mois. C’est une expérience positive et constructive. Nous travaillons également avec l’association Cuisine Mode d’Emploi par Thierry Marx, pour les viennoiseries. La carte est faite par quatre chefs ce qui donne une bonne dynamique et permet de voyager à travers l’assiette et les saveurs.

Nous travaillons avec la mairie du 20ème qui est également très engagée pour une alimentation durable, une économie sociale et solidaire. Avec elles nous avons mis en place le principe d’une chambre suspendue qui est dédiée et mise à disposition gratuitement pour faire face aux situations d’urgences pour des personnes ou des familles en difficulté.

Il y a-t-il des choses encore difficiles à mettre en place et que vous aimeriez améliorer ?

La rénovation ! J’essaye d’intégrer de plus en plus de matériaux recyclés, la moquette est faite avec des filets de pêche recyclés par exemple mais c’est un peu compliqué. Sur le prochain hôtel, les vasques de lavabo seront en plastique recyclé. Ce qui me gêne beaucoup c’est la climatisation, aujourd’hui il n’existe pas d’alternatives écologiques.

« Je voulais un lieu de vie ancré dans sa localité où il fait bon de se retrouver. »

Vous parlez là d’un prochain hôtel.. quels sont les projets futurs ?

J’aimerais développer Babel dans d’autres villes, Marseille ou Nice par exemple, mais au sein de quartiers cosmopolites à l’image de Babel. Nous ouvrirons en avril Rosalie, un hôtel solidaire dans le 13ème, le but de ce projet est que la nature reprenne ses droits en ville. Il y aura un jardin de 400m2 et une fontaine afin de créer un îlot de fraîcheur. Nous aimerions faire venir les écoles du quartier pour des ateliers autour du jardinage afin de donner une dimension pédagogique au projet. Nous cultiverons une houblonnière et récolterons les houblons pour créer notre bière en partenariat avec la brasserie de Fauve. Nous mettrons également en place une chambre suspendue. Pour la décoration de l’hôtel nous sommes en partenariat avec l’école Estienne, une école d’art appliqué située à 100m. Les élèves de première année font des lithographies sur le thème de la nuit en lien avec Rosalie qui seront affichés dans les chambres et permettent de créer des liens dans le quartier. Nous privilégions également l’embauche locale qui fait sens pour tout le monde

Êtes-vous confronté au greenwashing ?

Non, car nous travaillons principalement avec des artisans, ce qui assure une grande transparence. Notre échelle nous permet de travailler avec des acteurs locaux aussi engagés que nous et nous préserve du greenwashing.

Babel Belleville