Vous n’avez pas pu passer à côté des gourdes Gobi, ces bouteilles made in France, pop et design qui ont équipé les quelques 40 000 participants de la Cop 21 en 2015 puis qui ont trôné sur les bureaux de nombreuses entreprises. Nous avons rencontré Florence Baitinger, co-fondatrice de GobiLab, chez elle dans l'est parisien. Un entretien passionnant avec une femme engagée qui maitrise le sujet de la transformation écologique sur le bout des doigts.
Temps de lecture : 8min
J’ai une double formation, de juriste et en communication, qui m’a amené à débuter ma carrière dans la communication politique. J’aimais beaucoup mettre autour de la table des personnes qui n’avaient pas les mêmes intérêts autour d’une même thématique. Après avoir travaillé dans les milieux politiques et associatifs, j’ai eu envie de me frotter au monde de l’entreprise. J’ai ainsi intégré un grand cabinet de conseil en stratégie dans lequel j’ai notamment travaillé avec Suez sur des questions de gestion et d’accès à l’eau.
J’ai rencontré ceux qui devaient devenir mes associés en 2003. Même si l’envie d’entreprendre ensemble nous tentait déjà à l’époque, nous avons attendu d’avoir la bonne idée pour nous lancer.
Celle-ci est venue lorsque nous avons constaté la consommation monumentale de gobelets et bouteilles en plastique dans les bureaux des entreprises. Nous avons également ouvert les yeux sur des usages aberrants tels que les grandes quantités de petites bouteilles d’eau, puisées dans des sources précieuses, à peine consommées à l’issue des réunions et jetées à la poubelle.
En 2010, nous avons eu envie d’agir en proposant quelque chose de disruptif autour de la consommation de l’eau et c’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer Gobi, la première gourde urbaine, inspirée de la bouteille et loin des codes de la randonnée. Nous avons inventé un système de personnalisation qui permet à chacun d’en faire un objet unique et de lever la crainte de prendre le Gobi de son voisin. C’était déjà clef en 2010 cela l’est encore bien plus en 2021 ! Dès le départ nous avons travaillé en éco-conception et surtout avec une attention maniaque au détail en design pour que tout soit pratique.
Pour cela, nous avons travaillé avec un sociologue, des designers, l’Ademe et un cabinet d’écoconception préventive pour créer un produit avec un impact moindre dès sa fabrication. Les gourdes Gobi sont produites en France et assemblées dans un ESAT. Tout cela représentait un grand challenge mais nous sommes ravis d’avoir créé avec eux un vrai partenariat industriel.
Aujourd’hui, la gourde est devenue un objet symbole qui fait partie du kit d’accueil des collaborateurs dans les entreprises. C’est une belle avancée et c’est également très valorisant pour les entreprises de participer aux changement des habitudes.
Il y a un enjeu qui nous anime : celui de changer l’image de l’eau du robinet. Je discute beaucoup avec Eaux de Paris et les collectivités locales pour réfléchir à cette question : comment intégrer les notions de bio, de circuit-court et sortir du discours souvent trop axé sur les tests et contrôles qui rassure autant qu’il inquiète finalement.
Il y a plein de belles histoires à raconter autour de l’eau du robinet. Par exemple, la ville de Rennes a passé toutes ses zones de captage en bio, puis a subventionné des agriculteurs pour faire du bio au-dessus des nappes dont leurs productions alimentent maintenant les cantines locales. C’est un cercle vertueux vraiment magnifique.
Concernant les projets Gobilab, nous avons récemment sorti des couverts en inox et nous travaillons sur des lunch boxes. Nous aimerions pouvoir faire de l’isotherme mais actuellement toutes les usines sont en Chine. Nous adorerions travailler sur la relocalisation de ce savoir-faire en France.
Lorsque nous nous sommes lancés dans l’aventure, beaucoup ne comprenaient pas pourquoi nous voulions nous attaquer à la réduction du nombre de bouteilles en plastique dans la mesure où elles sont recyclables : ce n’était donc pas un sujet.
Or, l’ONG Surf Rider dont je suis proche, a prouvé grâce au ramassage des déchets sur la plage, que la plupart des fragments de plastiques récoltés proviennent des emballages jetables et donc en partie de ces bouteilles d’eau. Les ONG sont d’ailleurs en train de s’équiper d’outils qui permettront de déterminer précisément la provenance et la nature de ces fragments de plastiques et comprendre ainsi leur flux avant d’arriver en mer.
En réponse à cette problématique du plastique jetable, nous avons créé des gourdes en verre mais aussi en un plastique réutilisable très peu gourmand en énergie ou en ressources naturelles.
Nous voyons par ailleurs que les choses ont bougé car depuis la création de GobiLab, il y a eu la loi AGEC (loi anti gaspillage alimentaire Ndlr) qui prévoit la fin du plastique jetable à horizon 2040.
Oui, en revanche il faut se poser des questions systémiques. Au même titre que dans la nature, tout est question d’écosystèmes et d’équilibre entre ces derniers, je pense qu’économiquement c’est la même chose. Il faut également à mon sens intégrer davantage d’éthique : par exemple acheter une gourde qui est un objet symbole de la transition écologique n’est pas forcément écolo dans sa conception. Les personnes qui l’ont fabriquée ont-elles été payées dignement ? Ont-elles eu de bonnes conditions de travail ? La bouteille a-t-elle traversé la planète avant d’arriver dans le magasin ? Pour faire rimer économie et écologie, il est nécessaire de se poser ces questions.
Je pense que l’un des enjeux de l’écologie moderne est d’intégrer en amont de toute création d’objet une évaluation environnementale du besoin par rapport à l’existant et au non existant.
L’idée étant de qualifier les enjeux prioritaires et d’estimer les réductions d’impacts possibles et nécessaires.
Lors de l’industrialisation d’un produit, il faut savoir appréhender si l’on est certain d’avoir un gain écologique, en combien de temps et si l’on détient bien les bons ordres de grandeur.
Je dirais qu’elle vient de l’émerveillement que je ressens devant la beauté de la nature et particulièrement l’océan. Je suis originaire du sud-ouest de la France et ce n’est sans doute pas par hasard que je me sois tournée vers une thématique autour de l’eau et de la réduction des déchets, qui est très liée la protection des océans. Plus je comprends l’intelligence des écosystèmes naturels, plus j’ai envie de les préserver.
« La gourde est devenue un objet symbole de la transition écologique »
Nous avons choisi d’habiter dans un immeuble éco-conçu, quasi passif en énergie. Nous optimisons beaucoup le tri et nos dépenses d’énergie en tachant de ne rien gaspiller.
Je pense que c’est important de se créer des rituels pour que les choses demandent le moins d’efforts possible. Par exemple je reçois toutes les semaines chez moi un panier de fruits et légumes Tomato&Co. Je les cuisine tous les dimanches ce qui rend la consommation de produits de saison simple, agréable et ludique. J’aime le principe d’abonnement que proposent les marques de cosmétique et d’hygiène sans emballage car cela permet de se libérer d’une charge mentale.
Anita Roddick de the Body Shop qui a inventé le modèle de l’entreprise vertueuse et engagée dans les années 80. J’aime beaucoup également les travaux de Juliette Nouel, Marie-Monique Robin et Elizabeth Laville que je trouve très inspirante.
Il faut commencer par ce qui nous rend fier et heureux et ne pas l’aborder sous le prisme de la contrainte. Par exemple, si on a envie de passer plus de temps près de l’océan, pourquoi ne pas commencer par des séances de ramassage de déchets sur la plage ? Cela permet de lier l’écolo à l’agréable.
Je me méfie du discours « tout naturel » qui ouvre la voie aux opportunismes. Par exemple sur des produits cosmétiques : est-il vraiment bon de remplacer un extrait de synthèse qui a été certifié et vérifié par un extrait naturel qui aura nécessité beaucoup d’irrigation ? C’est encore une question de nuance et d’ordre de grandeur. Il faut trouver le juste équilibre entre les matériaux de synthèse faits par l’intelligence humaine et les ressources naturelles.
J’ai dû faire un effort conscient pour arrêter la fast fashion. J’ai eu une période de sevrage !
Les trajets en avion alors que le train pourrait être utilisé.
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